6.12.10

Prot attitude

A l'occasion de la réédition de son catalogue discographique consacrons au Jon Spencer Blues Explosion un article PROT.
Et pour comprendre à quel point se groupe fut essentiel, resituons le rapidement dans le contexte qui a été celui de son émergence, à savoir les années 90. En effet, à une époque où le lycéen fan de rock semble condamner à porter des chemises à carreaux, les cheveux gras et le poids du monde sur ses épaules le Jon Spencer Blues Explosion apparaît comme l’alternative blues punk glam idéale.
Dans une ambiance déglingue foutrement euphorique le trio développe un blues groovy éminemment sexy et nous convie à une sorte d’orgie musicale où Les Cramps forniqueraient avec James Brown sous le regard complice de cette grande folle de Mick Jagger. Ici donc personne ne clame qu’il est un looser ou un raté, bien au contraire le jon Spencer Blues Explosion transpire le sexe, le stupre et la luxure, et revivifie le rock bien avant que toute une entreprise de communication s’en empare pour refourguer des jeunes fils à papa New Yorkais bien mignons qui se chargeront de faire office de gravure de mode en vue de relancer l’industrie du Jean slim et de la converse.
En effet, pour PROT, le Jon Spencer blues explosion est l’un des rares groupe qui incarne encore une certaine idée de ce que peut être le rock : un grand coup de santiag dans les conventions sociales. Il suffit, pour s’en faire une idée, d’aller jeter un œil sur leur prestation à Canal + en 1997 qui se trouve ci dessous. Le groupe Dynamite littéralement le plateau de Télé en décidant de débrayer les 3 minutes habituellement consacrée à la promotion de l’album du moment en 10 minutes de délire halluciné à la limite du prêche cathartique en faveur de Jackie Chan qui est l’invité du jour et qui semble s’amuser comme un petit fou de cette prestation jouissive.
Car oui ! Le Jon Spencer en concert, c’est sans aucun doute le meilleur groupe du monde : Le trio monte sur scène sans set-list et se laisse guider par son leader charismatique. Celui ci harangue le public, bouffe son micro, susurre des insanités d’une voix profondément gutturale, décoche des coups de tatane aux abrutis qui tentent de monter sur scène, nous vrille les oreilles avec son theremin. Ni le public ni le groupe ne sait ce qui se pourrait se produire une fois la machine lancée. Bref le concert est un véritable moment d’improvisation, et ceci jamais au détriment de la musique ce qui n'est pas toujours le cas chez nos amis rockers.
Bref une belle démonstration de la porosité latente entre rock et PROT.