1.3.10

Les Stones, les maracas et le post-modernisme

L’usage des maracas, très répandu dans la musique latine et antillaise (pas moyen de faire un bon groupe de salsa sans maracas), apparait également comme un élément rythmique essentiel de tout un tas de productions dites « rock ». En effet, bien que l’on trouve rarement un joueur de maracas au sein d’un groupe du style sus-nommé, cet idiophone rythmique figure en bonne place dans les productions studio. Il suffit de se replonger dans la discographie des Stones pour le constater. Si, dans les concerts des années soixante, Mick se plaît à tenir le rôle du « joueur de maracas », il faut bien reconnaître que l’usage qu’il en fait est plus scénique qu’acoustique : on les voit, mais on les entend peu. En album cependant, ces dernières occupent une place considérable. Jouées par Phil Spector dans le premier album, tenues par on-ne-sait-trop-qui en redescente de trip dans Satanic Majesties : les maracas sont un élément essentiel du cocktail stonien.
Mais, c’est avec le single qui marque leur réveil post-psychédélique : Jumpin’ Jack Flash, que les Stones vont ré-inventer l’usage des maracas et en faire un Gimmick indentifiable.
Plutôt que de noyer le « Tchik Tchik » dans la rythmique générale du morceau, il est projeté en avant du mix après le 2° refrain. L’effet est saisissant : les maracas viennent crépiter dans nos oreilles et insufflent au dernier couplet (2 fois plus long que les 2 précédents) un groove qui nous propulse dans des sphères post-psychotropiques alors insoupçonnées chez les Stones (surtout par Brian, qui loupera le coche).
Ré-écoutez, ça vaut le coup.
Ce malin subterfuge de production ré-apparaît de manière au moins aussi réussie dans le ravageur Brown Sugar. Les maracas surgissent au 3° couplet lui donnant une pulsation rythmique inouïe. Ajoutez à ceci les chœurs éthylico-éraillés d’un Keith Richard sous-mixé : c’est imparable. Retournez-y une oreille, ça vaut son pesant de graine de pavot. Profitez en pour apprécier au passage la présence, tout au long du morceau, d’une guitare acoustique noyée dans le mix. Le micro placé à proximité des cordes lors de l’enregistrement a permis de saisir au plus près le grattement du médiator. Cette subtilité de production confère à cette guitare un rôle de maracas subliminales essentielles à la dynamique rythmique de ce tube.
Fin des années 60, début des années 70, la société post-moderne et les Stones s’inventent : alors que l’open Tuning devient la marque de fabrique des riff Richardien, Mick affirme l’autonomie de son groupe en fondant le label « Rolling Stones records », et les maracas surgissent après le 2° couplet de leur tubes « rock »…

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