15.3.09

exotisme PROT

Qu'attendons nous de l'exotisme?
Berlin le printemps, les saucisses, les barbecues...
Londres, le métro les musées, le temps tout naze.
Ce qui nous attire c'est la différence, le vide, l'écart avec notre propre culture.
Un écart mais pas trop: lorsqu'il s'agit de sauter au dessus d'un précipice, cela reste intéressant tant que l'on estime qu'on a encore une chance d'atteindre l'autre côté.
Les formules de vacances proposées par les tour operator compensent le trop grand écart, la trop grande différence culturelle, par le confort. Il s'agirait alors de sauter au dessus du précipice assuré par une corde, voire élevé par hélicoptère. Le défi est moins fort, mais la réalité de l'acte est là : vous avez traversé le précipice. De même la réalité du club med n'empêche pas la réalité du fait que vous avez bien été en Indonésie.
Alors bon, bien sûr la question reste: pourquoi y aller?
Pour se ressourcer? Pour déconnecter? ...

Remémerons nous nos années estudiantines où l'un de nos camarades partait fièrement vivre dans une autre ville, prétendant avoir fait le tour de celle où il avait passé ses années lycée. Or, ce n'était souvent pas tant de la ville qu'il avait fait le tour, que de sa propre personnalité. Changer de ville était une façon de changer de personnalité (du moins c'était une tentative). Je suis ailleurs, donc je suis un autre. Qu'un jeune étudiant en quête d'identité se comporte ainsi, PROT lui pardonnera. Que des gens pensent changer en voyageant avec des tours operator est excusable, mais que des artistes affirmés et les institutions qui vont avec adoptent la même attitude, PROT ne le tolèrera pas.

Parce que je suis loin de mon chez moi, de ma boulangère et de mes copains je vais redevenir créatif ? Comme si, les lépreux, la guerre civile (ou plutôt ses traces; la majorité des artistes n'est pas suffisament courageuse pour aller vraiment se plonger dans un conflit), le marasme social étaient des stimulants pour la créativité en berne des artistes occidentaux. Car, en effet, pour ceux qui sont un peu éloignés des sphères de la création contemporaine, il faut savoir qu'on peut repérer une certaine tendance (en particulier dans la production vidéo) à produire du pseudo-documentaire (sans la qualité d'analyse d'un véritable documentaire) relatif à des faits, des modes de vie, des architecture qui sont, pour nous, exotiques. On observe ainsi le phénomène suivant: ce n'est pas le regard de l'artiste qui évolue, mais son environnement. Ce n'est donc pas son point de vue, mais ce qui lui est donné à voir. Ce n'est pas lui qui est créatif, c'est le monde.

Deux s'alternatives s'offrent alors à nous:

- se laisser bercer par des images exotico-socialo-artistique. On y apprendra finalment quelque-chose et c'est toujours ça de pris.
- S'offusquer, écrire un texte PROT et proposer des résidences aux artistes à moins de 2km de leur lieu de naissance: on verra alors qui est créatif.