22.2.09

Capitalisme et eau fraiche


Comme chacun sait, le capitalisme traverse une petite crise passagère. Crise de confiance, créances pourries, production insensée et arnaques spéculatives : bref le capitalisme manque tout simplement d’une bonne base et d’un objectif tangible.
PROT se propose de remettre un peu d’ordre dans tout ça. Après s’être durement penchés sur la question, quelques éminents PROTologues en ont conclu que le système en soit dans sa mécanique interne n’était pas tout mauvais.

Expliquons nous. Il faudrait commencer par le désaper et lui choisir de nouvelles chaussures. A poil, la capitalisme fait déjà moins la malin ; à la place de ses chaussures pointues bien cirées à la cupidité vicieuse, PROT propose des tongs roses signes d’amour, de désir et de sable chaud. Sur d’aussi belles fondations, PROT propose un objectif à la fois simple et ambitieux qui remplace la finalité sans fin de l’accumulation sans borne du capital proposée par le capitalisme : PROT remplace la coiffure insolente et le chapeau haut de forme de la prostituée capitale par un simple bandana (rose), et une mèche (rebelle et ravageuse), signes de sport et d’amour. Pour le reste pas besoin de fringues, l’homme et la femme étant plus beaux nus. Bref, l’amour comme base et comme objectif. A la place de la dévoration capitalistique du plus faible par le plus fort, PROT imagine que dans un tel monde chacun vivra d’amour et d’eau fraîche. Car vivant dans une société d’abondance, nous abandonnerons tout travail et vivrons de nos productions émotives et sensibles.
En définitive, PROT suppute simplement que nous n’aurions pas d’autre vocation que l’amour, toute autre activité étant une forme de déviationnisme pas très catholique - la soit disant ‘vocation au travail’ proposée par le capitalisme traditionnel depuis plus de 200 ans n’étant que la transformation fallacieuse d’une éthique religieuse en éthique besogneuse. L’ETAT PROT serait animé par la mécanique des fluides (amoureux), les communications par les transports amoureux (facile), l’éducation par le toucher, la production énergétique par le sens de la fête, la nourriture par la salivation etc. etc. etc.
Ainsi reviendrions-nous à la production – consommation concrète et directe de nos chairs, échangerions-nous un corps contre un corps, un baiser contre un baiser dans ce premier temps de l’amour proche des systèmes marchands préhistoriques du troc de base.

Bien sûr ici une certaine dose de capitalisme amoureux pourrait progressivement être réintroduite dans une économie de marché dont nous ne pourrions complètement nous passer. Libre à chacun de faire des placements spéculatifs à la Caisse d’épargne de l’amour et de perdre 3 millions de noisettes en un seul round. Le Kerviel de l’amour est aussi un héros dès lors qu’il dépense sans compter pour un objectif aussi noble. Et certes certains échanges peuvent et doivent se négocier (un baiser sensuel contre 3 baisers à l’haleine pas trop nette par exemple) mais le système amoureux (qui oblige dans la plupart des cas à une relation binaire) contraint par une forme d’autorégulation à une certaine éthique de l’échange et de la non accumulation - évidemment du fait d’une consommation immédiate, dans l’acte, gage d’une renversement de profundis de la logique capitalistique. Car à la différence du capitalisme de base, le système PROTique de l’amour ne souffre pas l’hypocrisie : les sens et les émotions étant directement touchés, la PROTique renverse la morale.
Les PROTologues – qui tiennent à la précision des mots et à leur signification – affirment que dans un tel système, nous assisterions bien rapidement à la disparition des amours privatisés et possessifs ; et que l’acte de consommation ne tarderait pas à se transformer en pure consomption, l’amour ne visant autre chose que la production et la digestion de l’amour dans un mouvement d’éternel retour de soi sur soi, tel l’ourouboros.

merci à Bergman, L Boltanski et E Chapiello