7.12.08

Nouvelle vague / PROT spirit



A ceux qui se posent des questions lorsqu’ils regardent la mer ; et à ceux qui préfèrent regarder les films plutôt que de suivre l’histoire ou écouter la musique plutôt que les paroles ; bref, à ceux qui se contrefichent que leur crêpe soit fourrée à la confiture ou au nutella, du moment que la crêpe est sucrée et la galette salée.

Face à l’étendue du problème (nous vous laissons choisir lequel), les grands spécialistes de la pensée PROT se sont plongés la tête dans l’océan pour vous. La solution à la grande question de la substance aristotélicienne sera PROTique. Le verbe de la pensée PROT, après avec avoir remué plusieurs fois sa langue contre une autre a dit : la substance n’est pas sans la déforme (la forme étant trop catholique pour l’esprit PROT), tout comme l’amour ne naît pas de la matière mais de mouvements excentriques, et que le nouvel algorithme de nos existences (certes, prot n’est pas un matheux mais se démerde quand même) n’est pas d’avoir mais de faire.
En gros (PROT malgré toute sa précision intuitive aime les généralités), l’amour n’est pas grand chose s’il ne passe pas par les remous des dancefloor ou les claques des histoires sans lendemain.
L’hypothèse émise par le groupe de spécialistes que nous avons rassemblé sur la mer baltique pour cette étude est que, l’océan ne serait pas à proprement constitué d’eau, mais de vagues, d’écume et de mouvements de fonds qui lui donneraient sa contenance. De même le sentiment amoureux ne serait pas constitué d’amour (qui a priori comme l’océan, n’existerait pas en tant que matière si ce n’est une forme aquatique insipide) mais du tumulte de l’action amoureuse – ceci allant du simple baiser volé aux situations les plus dramatiques, en passant par toute une tripotée d’actions qu’il serait trop longue à aligner ici (nous pouvons cependant en énoncer quelques unes pour l’éducation du lecteur PROT : une rencontre impromptue ; une folle nuit d’amour ; un road trip improvisé ; un petit écart libertin ; une bonne engueulade pleine de bon sens et/ou une rupture bien ciselée avant une reprise des négociations bien tempétueuse – un grosse vague quoi ; bref, tout ce qui distingue la romance du romantisme).

L’un de nos spécialistes que nous nommerons ‘X’ pour conserver son anonymat, nous explique cet algorithme par la PROTique : un cas ‘A’ connaît par exemple une vie plate et sans remous ; en rentrant chez lui il connaît l’amour des séries télé (la mer de la tranquillité). En somme c’est la mer morte tous les soirs et les draps de son lit sentent un peu trop le sel (ladite mer étant, faut-il le rappeler, à haute concentration en sel, et lié dans son histoire à l’amour chrétien, forme la plus soporifique de l’amour).
Quant à l’échantillon ‘B’, il aime l’action : Il connaît des hauts et des bas (le creux de la vague) mais il sort souvent, fait des rencontres impromptues et hasardeuses ; malgré son désir d’une perfection amoureuse (concept d’ailleurs chez lui en perpétuelle reconfiguration), il aime l’imPROTvisation qui dégénère. Certes les lendemains ne brillent pas toujours autant que le cuir de ses dernières chaussures italiennes ; mais c’est la déforme qui donne ici naissance au sentiment amoureux : l’excitation soudaine d’une rencontre incontrôlable, le vide abyssal des lendemains sans sms (évidemment en lien avec le célèbre courant froid dit 'courant des canaries', bien contraire à l'effet excitant des courants marins profonds, tel le 'gulf stream' par exemple) , les retrouvailles sensuelles etc etc etc prot se refuse à vous faire un dessin, de la même manière que ce n’est pas l’eau qui fait l’intérêt de l’océan, chose tout à fait insipide s’il en est, mais l’écume les tempêtes et les vagues de fond.

En somme la vaste masse pachydermique de l’océan n’est rien face à l’insolence d’une vague, fut-elle petite et éphémère, ou d’un remous, ou de l’écume scintillant à la crête d’une vaguelette et s’échouant sur la plage comme un bon remontage de bretelle plein de bon sens sur une divagation digressive.

'X' vu de dos, en pleine analyse océano-PROT
équipe scientifique en séminaire en mer baltique


(Pensée PROT : exégèse de l’épisode de l’ancien testament où Moïse fend la mer rouge d’une double vaguelette ; étudier l’étendue d’une lirPROTé jamais dite par l’église)