13.10.08

Lexique PROT: petite histoire du terme Chicklette


Il arrive qu'on affectionne un pull ou une veste qui ne nous met pas franchement en valeur. Malgré les remarques de notre entourage proche (et bien intentionné) on persiste car, comme l'enfant qui ne peut se séparer de son vieux doudou imbibé de vomi lacté, nous portons envers certains vêtements une valeur sentimentale qui nous empêche de nous en détacher facilement. Puis, un jour, le hasard ou la curiosité nous pousse à tenter autre chose et à porter un nouveau vêtement qui va révéler notre côté Aphrodite (ou Apollon au choix).
Les choses se révèlent alors sous leur véritable jour : votre vieux pull est bien un vieux pull élimé sans forme avec lequel vous ne ressembliez à rien, le nouveau lui, bien que récemment acquis et conçu pour la masse vous sied à merveille et paraît avoir été tricoté spécialement pour vous. Aussi, vous vous révélez mutuellement, le vêtement et votre physique d'Apollon.
Il en va de même avec les mots et leur signification. Nous nous attarderons sur la petite histoire du terme chicklette (ou chiclette, ou chiquelette... les PROTologues n'ont pas encore tranché).
C'est encore au coeur des montagnes helvètes, terrain PROTpice à l'élaboration de la pensée PROT, que le mot surgit de la bouche d'une voluptueuse bergère qui nous déconseillait la consommation immédiate du Raclette qu'elle vendait, car encore un peu jeune il risquait d'être "chicklette, bain d'huile". L'expression attira naturellement l'attention des membres du comité scientifique (et leurs invités PROTophiles) qui ne perdent jamais une occasion de défricher de nouveaux territoires de pensée PROT.
De la question initiale: "Que pouvait bien signifier ce foutu terme de chicklette?", les PROTologues glissèrent rapidement à la question suivante : "que peut on lui faire signifier?"
C'est ainsi que ce terme "chiclets" - qui dans le Valais suisse désigne un chewing-gum (du nom de la marque américaine non distribuée en France) ou un fromage de consistance équivalente (ce que nous pûmes confirmer le soir même, car PROT aime la pratique, surtout lorsqu'il s'agit de s'enfiler du fromage suisse)- devint pour les PROTologues une façon de désigner l'état et le sentiment que l'on peut ressentir lorsque l'on accomplit un acte dont la réalisation dérape bien que la motivation initiale fut franche, claire et bien définie.
Le râteau franc et massif (pas l'outil de jardinage, la déclinaison d'une proposition de partage de sentiment) est certainement une assez bon exemple de ce que peut être un acte chicklette. Ainsi je peux dire: "hier soir, j'avais rendez-vous avec cette Héra-aphrodite, mais la découverte de son penchant Athéna m'a rendu complètement chicklette".
Ca marche assez bien avec les réalisations culinaires "j'ai fait un brownie, il était complètement chicklette." On peut dire aussi par extraPROTlation : "j'ai la peau chicklette", "j'ai le palpitant qui fait chicklette", "j'ai les sentiments en chicklette", ou encore après une longue marche : "j'ai les jambes chicklettes".
A ce stade là de cet article vous pouvez aussi vous demander s'il n'est pas un peu chicklette et qu'elle est le rapport avec l'histoire de pull trop vieux. Et bien c'est simple.
Il est évident que ce terme de Chiclet utilisé par une marque chewing-gum depuis 1906, puis par les suisses (mais aussi les turques, ou les brésiliens) pour désigner globalement les chewing-gum, n'attendait que PROT pour pouvoir se révéler. Et quel meilleur terme que chicklette pour désigner quelque-chose qui se barre en sucette ? Son potentiel suggestif délaissé pendant le XX° siècle est enfin révélé. Comme le nouveau pull qui vous donne des airs d'Apollon/Aphrodite, PROT révèle chicklette à la langue française.
Quant à "bain d'huile" on l'a laissé de côté pour le moment, mais les PROTologues comptent bien méditer dessus prochainement. N'a t'il pas été le révélateur de "chicklette" ?

6.10.08

De la liPROTé


Bah l’amour n’est pas tout, alors ça y est on arrive au cœur du bifteck. PROT se lance dans des choses un peu plus sérieuses, même si l’objectif reste toujours de raboter les chaussures pointues et de faire de l’arrogance un ventre mou.
A PROTximité de l’amour qui reste un des grands sujets de conversation des protologues, la définition d’une PROTlitique dégagée de tous les encombrants du passé est la seule bague que nous accepterons de nous passer au doigt.
Vertu fondamentale du capitalisme, la liberté en soi n’est pas très Prot : avec mon fric et de manière tout à fait irresponsable, je suis libre de m’acheter une 4x4, un appart, un ordi, des films, des fringues etc., de faire exactement ce que je veux. Or si la liberté est fondamentalement liée ici bas à la notion de propriété, PROT dit non.
N’étant donc pas tout à fait d’accord, Prot a décidé de lancer la liPROTé, un petit amalgame entre les anciennes notions de liberté d’égalité et de fraternité qui font de la propriété une notion tout à fait incompatible avec le républicano-libertarisme PROT. Il s’agit à la base d’un simple extension du domaine public. Exemple : quand je me balade dans la rue, mon image ne m’appartient plus, par contre je considère que les fringues que je porte m’appartiennent de même que mes gestes et mon corps. Faux : l’image de ces fringues et les gestes de ce corps ne sont déjà plus les miens dès lors que je m’offre en spectacle dans la rue ; ils sont déjà un peu liPROTes. Pour être tout à fait liPROTes, j’accepte même que l’autre me parle m’arrête et me touche, voire me fasse un calin dans la rue s’il est en grande situation de désespoir et s’il est pas trop moche.
En gros, la liPROTé se résume au fait de ne pas s’appartenir. Si la notion de propriété était une machine à vapeur, passant dans le monde PROT, la structure interne de la machine à vapeur se retrouverait à l’extérieur et la vapeur à l’extérieur, la pression et la chaleur seraient atmosphériques et deviendraient notre excitant quotidien – un peu comme dans un sauna avec des gens à demi nus en fait – tandis que le vide se ferait à l’intérieur de la machine. Bref, la propriété n’existerait plus et la vie serait bien plus excitante. En tant que philosophie aPROTximativement PROTo-fouriériste, PROT prône la disparition de la propriété et la collectivisation par les individus (car PROT n’est pas tout à fait fou pour s’oublier complètement) des corps et de l’espace public : PROT demande à ce que nous nous appartenions tous au lieu de bêtement n’appartenir simplement qu’à nous-même.
Par exemple : A rencontre B par hasard dans une soirée ou dans la rue. A ne connaît B ni d’eve ni d’adam et n’a a priori aucune intimité avec cette personne qui lui permette d’avoir un prétexte de l’aborder. Dans un monde pas très PROT, A se dirait que c’est pas très sérieux d’aborder quelqu’un comme ça dans la rue et B se dirait que c’est dangereux de parler aux inconnus. Dans un monde PROT, A parlerait à B tandis que B s’attarderait une heure pour papoter. B étant lui même liPROTe, il se permettrait de raconter tout un tas de truc à un parfait inconnu sur sa vie intime et A se permettrait de caresser les épaules de B qui n’en serait que très heureux. Nous ne raconterons pas la suite, PROT n’ayant pas encore décidé de collectiviser l’imagination de ses lecteurs.

UN CAS DE LIPROTE POUSSE A FOND