13.8.08

L'imcompressibilité du temps comme source de désir perpétuel

On admettra tous que le désir naît souvent d'une absence ou d'un manque:
je désire une tranche de raclette parce que ça fait longtemps que je n'en ai pas mangé.
Si vous n'adhérez pas à ce premier point, ce n'est pas la peine de continuer.

Il y a donc un vide qui crée un appel, une aspiration: je tends vers la part de raclette parce qu'elle n'est pas dans mon ventre. Le désir, à l'origine du sentiment amoureux naît donc souvent d'un vide qui aspire/attire deux êtres l'un vers l'autre. Il ne s'agit donc pas du fameux "suis moi je te fuis" puisque personne ne fuit personne. Ils tendent mutuellement l'un vers l'autre, mais un élément naturel ou culturel s'interpose, crée un vide qui provoque cette aspiration mutuelle.
Untel habite à Paris il désire untel autre qui vit à Madrid. Ce désir est évidemment décuplé par la distance (un groupe de réflexion PROT travaille sur le ratio désir/kilométrage). Ils décident de vivre dans la même ville: ça ne loupe pas, quelques mois après les retrouvailles le désir part en chicklette (une définition PROT du terme ne saurait tarder). Le vide qui anime le désir que partage ces deux individus a été comblé : du coût plus d'aspiration et donc plus de désir. Le vide choisit dans l'exemple qui précède est un vide créé par la distance géographique. On peut envisager plusieurs types de vide stimulateur du désir : un vide culturel (deux personnes originaires de cultures différentes), un vide intellectuel, mais surtout un vide temporel. C'est celui-ci qui nous intéresse aujourd'hui car il s'agit d'un vide absolument incompressible. Imaginons : Initialement l'écart générationnel entre deux personnes déclenche un désir. Chaque jour, l'un, vieillissant, aura le sentiment de s'approcher de l'autre, tandis que ce dernier du même coup vieillira d'un jour de plus. Le vide qui maintient ces deux êtres à distance est incompressible, le désir à jamais renouvelé. Pour ceux qui s'interrogent légitimement sur l'écart d'âge nécessaire pour que l'on considère qu'il y ait un vide suffisant, je les renvoie sur l'excellent article sur l'écart d'âge idéal publié par nos confères scientists of America.

Bien sûr ça ne veut pas dire qu'ils vont s'aimer jusqu'à la fin des temps, mais en tous cas les conditions du désir sont susceptibles de demeurer ce qui peut aider car comme le disait mon PROTe Jean Anouilh: "Si Dieu avait voulu que l'amour soit éternel, il se serait arrangé pour que les conditions du désir demeurent."

Aucun commentaire: