23.6.08

De l'apPROTche de l'art comme d'une soirée en boum


Il nous est tous arrivé, de nous faire mousser sur  la cousine de untel, le frère de unetelle (choisissez votre camp, moi je continue avec la cousine) sans jamais ne l'avoir rencontrée, genre : "tu vas voir, sa cousine elle est trop sexy" - puis le jour des présentations officielles, au cours d'une soirée boumesque, retomber des nues :
"c'est ça la cousine trop craquante...?".

C'est exactement ce qui m'est arrivé avec Robert Filliou (du moins son oeuvre). Alors tout frais sorti du lycée, on m'avait fait fantasmer un artiste qui n'était pas celui que j'attendais. En pèlerinage à Paris,  je découvre à Beaubourg un immense mur recouvert de boites en bois dans lesquelles se trouvent des chaussettes plus ou moins bien disposées (bien, mal, ou pas posées pour être précis) :
"C'est ça Robert Filliou ?". 

C'est alors que le cousine "sexy" vous invite à boire et coup (et du coup à discuter). Elle s'avère non seulement cordiale, mais profondément drôle et subtile. Ce visage qui initialement n'était pas à votre goût apparaît soudain sous un autre jour, en harmonie totale avec ce qu'il est. Lui n'a pas changé, votre regard par contre n'est plus le même.

C'est ce qui m'arriva avec Filliou et son mur à chaussettes intitulé "principe d'équivalence". Intrigué par cette série dysharmonique j'en oublie l'aspect quelque peu rugueux du premier  abord et me laisse bercer par la logique déglinguée du "bien fait, mal fait, pas fait". L'oeuvre n'a pas changé, mais mon regard n'est plus le même.

Cette démonstration ne témoigne que de l'intelligence du regard humain, qui n'est une révélation pour personne: quand David Vincent découvre qu'un envahisseur en est précisément un, l'envahisseur en question ne change pas, c'est le regard de David Vincent qui change.
Il en va de même des ready-made. On le développera à l'occasion d'une PROTchaine séance d'esthétique aPROTximative.


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